L'irrésistible infiltration du FN parmi les français

Il y a un an, Marine Le Pen lançait son premier collectif, Racine, à destination des enseignants. Il y a ensuite eu la branche lycée de Racine, puis Mariane, pour les étudiants cette fois. Annoncée en septembre, c'est Audace qui fait son apparition, pour les jeunes actifs de 25 à 35 ans, "surtout des cadres, des entrepreneurs et des fonctionnaires qualifiés" explique Antoine Mellies, président de ce collectif, interviewé par Slate. Et trois autres collectifs sont annoncés pour les prochaines mois sur des thématiques qui s'élargissent : l'espace maritime français en novembre, l'écologie et la transition énergétique en décembre et le champ social pour début 2015.

Objectif affiché ? Créer de la réflexion et de l'adhésion sur des sujets qui ne sont pas le coeur de métier du FN (comme l'immigration par exemple où là, pas besoin d'un club de réflexion), "imprégner une catégorie de la société civile au vote frontiste" pour Alain Avello, secrétaire général du collectif Racine.

Bon, et à part ça, à quoi ça sert vraiment tout ça ?

Et bien, ça sert à plein de choses et c'est ça qui est pratique. D'abord, ça sert à faire parler les journalistes. Peu importe que les articles soient plutôt circonspects sur la réelle mobilisation qu'il y a derrière ces collectifs (voir Le Figaro qui titre "Les collectifs thématiques du FN, un enjeu plus "médiatique" que politique"). De nombreux articles soulignent d'ailleurs le fait qu'il est impossible de vérifier les chiffres d'adhésions qu'avancent les dirigeants du Front. Ensuite, ça sert évidemment la dédiabolisation puisque le FN s'investit dans des champs où on ne l'attend pas habituellement, comme avec les enseignants par exemple. Bien qu'il faille temporiser là-dessus puisqu'il apparaît que les fonctionnaires votent de plus en plus Front National (voir le très bon article de la Gazette des Communes à ce sujet). Ces collectifs n'étant officiellement affiliés ni au parti ni même au Rassemblement Bleu Marine, ils permettent à ceux qui n'osent pas encore franchir le pas de s'encarter au FN du fait de sa mauvaise réputation, de s'investir dans cette structure. Et la dédiabolisation continue. Cela permet à Marine Le Pen de recruter de nouvelles têtes pensantes, puisque, comme le relevait Le Nouvel Obs cette semaine, "Marine Le Pen [serait] en panne de cerveaux".

Enfin, l'objectif principal de ces collectifs, c'est "le méthodique quadrillage de la société française", comme le décripte Atlantico. Pénétrer dans tous les pans de la soociété française pour y installer son idéologie, voilà le programme. De plus, en s'éloignant un peu plus du parti originel et des figures qui continuent de faire la base du FN (où, n'en déplaise à la dirigeante du Front, racisme et antisémitisme sont courants), Marine Le Pen espère sans doute éviter les désaffections avec éclat, comme ce fut le cas de quelques candidats aux élections municipales qui ont claqué la porte de manière bruyante et médiatique.