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Résistances ordinaires
21 mars 2014

« Bienvenue au Front – Journal d’une infiltrée » de Claire Checcaglini, paru aux Editions Jacob-Duvernet le 27 février 2012

Journaliste, Claire Checcaglini s’est infiltrée dans une section des Hauts-de-Seine du Front national « pour aller au plus près de leur réalité, de leur vérité, au-delà de la caricature ».
Très engagée, elle livre régulièrement ses états d’âmes pendant les huit mois de son immersion.

Ce livre a choqué à sa sortie, surtout parmi les dirigeants du FN. Et on comprend pourquoi, c’est tellement énorme qu’on a du mal à y croire. Les propos racistes et islamophobes sont quotidiens parmi les militants, les révisionnistes ont participé à la rédaction du programme de Marine Le Pen pour la présidentielle de 2012, le racisme est tellement présent qu’il est normal pour les militants qui n’y voient pas de mal.
Le secrétaire départemental des Hauts-de-Seine rapporte des propos tenus par Marine Le Pen « […] j’ai eu un entretien au cours duquel elle m’a donné sa position sur l’islam. Elle m’a dit : voilà la stratégie. Nous n’aurons jamais la voix des musulmans, c’est une cible que je n’ai pas. Si je caresse l’islam dans le sens du poil de temps en temps, ce n’est pas pour eux, c’est pour les français qui croient encore, ces cons-là, que l’islam est une religion. Ces gens-là, je ne veux pas perdre leur électorat. Si je dis que l’islam n’est pas fréquentable, que c’est la pire des choses, ils me traiteront de raciste et ne voteront pas pour moi. »
Les militants ne sont sanctionnés pour leur propos racistes seulement si les journalistes y ont accès.

Au-delà de ces éléments, deux points retiennent mon attention.
Le FN a enregistré beaucoup de nouvelles adhésions à l’arrivée de Marine Le Pen à la présidence du Front. Ces nouveaux adhérents gravissent très vite les échelons parce que finalement, le parti n’a pas beaucoup de militants. Mais à travers le récit de Claire Checcaglini, on a vraiment l’impression d’une incompétence totale (et encore, ces militants sont dans la région parisienne, donc très souvent au siège du FN pour des conférences et des formations. On n’ose imaginer ce qu’il se passe en province). Le Front national n’arrive pas à impulser une ligne directrice à ses fédérations, on se demande comment ils peuvent défendre le programme national. On comprend mieux les nombreux dérapages de personnes encartées au FN.

Enfin, plus inquiétant, une question se pose dans l’entreprise de dédiabolisation voulue par les dirigeants du FN : certains militants ayant des responsabilités dans le parti ont un comportement particulièrement inquiétant et des propos déplacés. Pour Claire Checcaglini, « Mais […] si Sylvain [le secrétaire fédéral des Hauts-de-Seine, ndr] est exclu, il ne s’agira pour le parti de Marine Le Pen que donner des gages à ceux qui veulent voir ou croire à une normalisation du parti. ». Si les militants les plus extrêmes (certains prônent l’utilisation des armes) sont exclus du FN, iront-ils vers des groupuscules néo-nazis ou passeront-ils à l’acte ?
En tout cas pour l’auteur, il ne fait aucun doute sur les intentions de Marine Le Pen « Car si le Front était vraiment devenu un parti respectable, pourquoi Sylvain était-il encore en place […] »

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